Myciculture et revalorisation : un destin lié

Culture des champignons

Posté le 13 septembre 2023
La mycologie est une pratique qui regroupe de nombreux amateurs. Les adeptes vous le diront avec insistance, les champignons sont véritablement fantastiques! Alors qu’on associait auparavant les champignons comestibles à une frange relativement marginale de la société, les consommateurs sont maintenant plus éduqués quant aux raisons de les ajouter dans leur alimentation. Cet intérêt grandissant du public résulte en un marché en pleine expansion. Les champignonnières se multiplient et les techniques de production changent, par le fait même, aussi promptement. C’est un monde effervescent!
Catherine Dallaire, Agronome

Les substrats pour la culture de champignons

Les substrats qui peuvent être utilisés pour la culture de champignons sont surprenants. Parmi ceux qui sont plus conventionnels, nommons par exemple les composts, les sciures de bois, la paille ou les grains, sont des matériaux qui sont utiles à d’autres fins et qui sont donc, en général, relativement coûteux.

Des études récentes ont toutefois exploré l’efficacité de substrats moins connus, tels que les cosses de haricots ou les différents résidus de l’industrie du chanvre, avec des résultats surprenants.

Revaloriser des matières dans les champignonnières

Il y a donc l’opportunité de revaloriser des matières provenant d’autres secteurs tels que les industries forestières, alimentaires, agricoles et parfois même industrielles. Bien sûr, ces substrats doivent répondre à des critères de salubrité et de qualité, puisqu’il s’agit de la production de denrées destinées à la consommation humaine.

Il faut aussi savoir que les champignons se distinguent en différentes catégories, qui nécessitent donc des substrats aux critères distincts. Il importe donc de choisir des substrats adéquats afin d’assurer un bon développement du mycélium et des champignons. Au cours des récentes dernières années, certains myciculteurs ont d’ailleurs utilisé de la drêche provenant du secteur brassicole dans leur mélange de substrat avec succès. Que l’on pense aux fibres, aux coques de grains ou de noix, aux cosses de soja provenant des sous-produits comme le tofu, il est facile d’imaginer que bon nombre d’entreprises pourraient ainsi devenir une source - quasi - intarissable de substrat de culture pour les champignonnières.

L’idéal est toutefois d'utiliser des résidus qui sont localement accessibles et inutiles à d’autres fins. On parle alors de la revalorisation de matières qui, autrement, seraient jetées, y compris les nutriments qu’ils contiennent. Économiquement, ce sont des gains substantiels pour toutes les parties impliquées. La gestion des déchets ne représente-t-elle pas un coût énorme pour les entreprises?

Parlons, à petite échelle, des kilos de déchets des cuisines des restaurants ou, à plus grande échelle, des tonnes de résidus provenant des usines du secteur alimentaire.

Le rôle des champignonnières dans l’économie circulaire

Le concept de l’économie circulaire propose de revoir l’économie en optimisant l’utilisation des ressources qui circulent déjà dans notre société, notamment par leur réparation, leur recyclage et leur revalorisation.

Et si l’on décidait de penser davantage au potentiel des champignonnières comme étant un échelon d’importance dans la boucle de l’économie circulaire? C’est-à-dire que l’on décide d’établir ces dernières dans des localités dans lesquelles se trouve déjà une industrie agroalimentaire vivante, afin qu’elles soient idéalement placées pour récupérer facilement des résidus qui sont voués à l’enfouissement. C'est d’ailleurs une stratégie d'économie circulaire qui s'appelle l'écologie industrielle. Les techniques de production pourraient alors être, dès le départ, adaptées à ces substrats spécifiques.

Nos connaissances quant aux usages possibles des champignons ne semblent encore que très limitées. Il se cache donc là un potentiel immense pour le Québec et les esprits novateurs!

Catherine Dallaire, Agronome