La transition vers les grandes cultures biologiques : un défi possible à relever

Production biologique

Posté le 8 mars 2023
Le Québec est le chef de file en agriculture biologique au pays. En 2021, la province abritait presque la moitié des exploitations agricoles biologiques du Canada. Selon les chiffres, la tendance est forte : de 2016 à 2021, le nombre de fermes biologiques certifiées ou en transition a presque doublé au Québec, passant de 4,4 % à 8,4 % des exploitations agricoles de la province. À travers cette vague d’intérêt, on compte aussi des fermes conventionnelles qui décident de faire une transition vers le biologique.
Catherine Dallaire, Agronome

À savoir avant de vous lancer dans la production biologique

Pour ceux et celles qui envisagent aussi cette transition, voici des réalités à considérer avant de se lancer dans l’aventure. Un changement vers une régie biologique implique beaucoup de nouveautés. Il faut être prêt à apprendre de nouvelles façons de faire et de nouvelles compétences, parce que plusieurs éléments de votre entreprise vont changer, incluant probablement votre mise en marché, votre gestion d’inventaire et votre gestion des sols.

Le temps

Il faut savoir que le taux de travail est plus élevé en bio : on estime environ 30 % plus de temps de travail en régie biologique qu’en régie conventionnelle. Comme tout le désherbage se fait mécaniquement, à l’aide de plusieurs passages, il y a évidemment des périodes de pointe de travail. Il faut souvent intervenir rapidement, dans un intervalle de quelques jours. Il faut donc avoir la main-d’œuvre nécessaire pour accomplir ces tâches dans un délai raisonnable. Puisque la régie implique aussi une rotation de cultures plus complexe, comprenant souvent plusieurs engrais verts, on compte plus d’épisodes de semis en champ pendant la saison.

L’équipement

Il faut toutefois savoir que le temps de travail est grandement influencé par votre type de sol, votre expérience, ainsi que l’efficacité de vos équipements de désherbage. Bien qu’il soit possible d’y arriver avec peu d’équipement, on doit prévoir des investissements en machinerie si on pense à une transition. Les technologies développées dans les dernières années sont très performantes. On peut toutefois décider de débuter avec des équipements usagés, afin de minimiser les frais de départ. Certains producteurs, qui sont davantage du type « Macgyver », entreprennent même de modifier leurs propres équipements à la maison pour fabriquer des accessoires qui répondent spécifiquement à leurs besoins. Les outils de travail de sol et de désherbage mécanique sont des éléments majeurs en régie biologique et il faut apprendre à bien les maîtriser, parce que la santé des sols est un élément essentiel dans l’atteinte de bons rendements.

Pour vous faire une tête

Bien qu’il y ait des défis associés à tout changement, une transition vers le biologique peut se révéler comme un réel triomphe pour certains. Il existe d’ailleurs un réseau de fermes biologiques témoins que l’on peut visiter : 18 fermes en régie biologique qui servent à démystifier et alléger les appréhensions d’une transition de régie. Si l’on a une motivation à toujours s’améliorer et que l’on aime apprendre… le biologique est peut-être le prochain défi pour nous!

Sources:

https://fermestemoinsqc.bio/videos/

https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/96-325-x/2021001/article/00005-fra.htm

https://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Regions/monteregie/articles/agroenvironnement/Pages/bio_grandes_cultures_mythes_realite.aspx

Catherine Dallaire, Agronome