L’enjeu du manque d’eau au Québec

Sécheresse et agriculture

Posté le 6 juillet 2023
La liste des pays dans le monde faisant face à des sécheresses est très longue. Nommons la France et l’Espagne, qui ont récemment expérimenté des sécheresses sans pareil. Un constat est toutefois clair, on semble ici penser être à l’abri de ce type de problème. Pourtant, les événements récents prouvent le contraire. Au cours des dernières années, des villages du Québec, situés en majorité au sud de la province, ont expérimenté des problèmes d’approvisionnement en eau. Nommons entre autres les villages de Sutton, de Magog, de Potton, d’Hatley, du Canton-de-Hatley, de Roxton Pond, de Danville, de Saint-Adrien, de Saint-Camille, de Saint-Georges-de-Windsor, de Wotton, de Saint-Rémi et de Saint-Jacques-le-Mineur. « Avec les changements climatiques, on doit s’attendre à davantage de risques d’inondation, mais aussi à plus d’épisodes de sécheresse », indique Karine Dauphin, directrice générale au Regroupement des organismes de bassins versants du Québec
Catherine Dallaire, Agronome

Un problème d’une grande complexité

L’enjeu est complexe, parce que l’eau est une ressource fluide et mobile, qui s’écoule en suivant les pentes naturelles d’un bassin versant. Il ne se définit donc pas selon nos lignes cadastrales, nos limites municipales ou provinciales, mais c’est toutefois de cette manière que nos institutions gouvernementales sont gérées. Les conflits liés à l’usage de l’eau sont particulièrement épineux, parce qu’ils ont des liens directs avec d’autres enjeux sociaux majeurs, notamment l’augmentation de la population, l’étalement urbain et l’aménagement du territoire.

Des projets de recherche pour mieux comprendre l’enjeu du manque d’eau

Des projets d’acquisition de connaissances ont été mis en place par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec à ce sujet. Le projet RADEAU, qui était un projet de recherche participative d'alternatives durables pour la gestion de l’eau en milieu agricole dans un contexte de changement climatique, a permis en 2020 de brosser un portrait des défis actuels. Cette étude, dont les résultats sont accessibles en ligne, présente l’état des disponibilités en eau de surface et en eau souterraine dans 11 régions agricoles du Québec, ainsi que des recommandations pertinentes pour ces régions.

Les agriculteurs et agricultrices aux premières loges

Comme les agriculteurs et agricultrices sont aux premières loges des changements du climat, ce sont souvent eux qui tirent la sonnette d’alarme à ce sujet dans plusieurs villes et villages. Au niveau individuel, la mise en place d’infrastructures de rétention d’eau se fait déjà dans les régions touchées. On installe des réservoirs, creuse des étangs et applique des pratiques agroenvironnementales pour réduire le ruissellement de l’eau et augmenter le potentiel d’infiltration. Il y a toutefois place à l’amélioration, notamment au niveau des régies d’irrigation et des pratiques culturales. Avant tout, des mesures collectives doivent être mises en place. Les acteurs de chaque région doivent s’unir pour trouver des mesures d’adaptation spécifiques à leurs enjeux. « Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on partage tous la même eau. C’est une problématique qui nécessite des solutions collectives », ajoute Karine Dauphin. Dans ce contexte, la communauté agricole peut non seulement participer activement à la prévention des conflits entourant l’usage de l’eau, elle peut aussi devenir une actrice de changement et de sensibilisation auprès de la population citoyenne.

Catherine Dallaire, Agronome